Mal entendre, c’est se couper de son environnement familial, social, professionnel. C’est prendre le risque de s’isoler de ses proches, de ses collègues de travail et plus généralement de tous ceux que nous croisons dans notre vie quotidienne.
Pourtant, sur les 6 millions de personnes qui souffrent en France de problèmes d’audition, 35 % seulement disposent d’une aide auditive médicale.
Ce faible pourcentage de personnes appareillées s’explique par un facteur psychologique : il n’est pas facile de reconnaître que l’on devient plus ou moins sourd… Mais il s’explique aussi, et surtout, par le coût financier important d’une prothèse auditive.
Il y a trois ans encore, avant la mise en place progressive du dispositif 100 % santé, le reste à charge pour l’assuré qui se faisait prescrire deux prothèses auditives était en moyenne de 1700 euros, après remboursement par l’assurance maladie et la complémentaire santé. Depuis le 1er janvier 2021, ce reste à charge est devenu nul.
L’audiologie pour tous
Lunettes, prothèses dentaires et aides auditives
Lancée en juin 2018, la réforme du 100 % santé concerne les lunettes, les prothèses dentaires et les aides auditives. Elle entend lutter contre le renoncement aux soins et les inégalités de santé en permettant aux 95 % des Français qui disposent d’une complémentaire santé, d’accéder gratuitement à des dispositifs médicaux essentiels. Elle est entrée concrètement en vigueur au 1er janvier 2019 avec une montée en charge progressive.
Dernière étape en date concernant l’audiologie, la possibilité pour un assuré, depuis le 1er janvier 2021, d’obtenir le remboursement intégral de ses prothèses auditives, s’il fait le choix du 100 % santé chez son audioprothésiste. Une manière de renouer avec une vie normale sans se ruiner.
Des appareils de qualité
Depuis le début de l’année, les audioprothésistes ont l’obligation de proposer à leurs patients une offre d’aides auditives 100 % santé intégralement remboursables et dont les tarifs sont plafonnés. La réforme impose que les appareils concernés répondent à des critères de qualité, à la fois technique et esthétique (Lire plus loin).
Elle impose également que les aides auditives proposées soient associées à un ensemble de garanties (30 jours d’essai avant achat, prestations de suivi au moins deux fois par an, quatre ans de garantie…). Bref, tout est prévu pour que le 100 % santé ne propose pas des prothèses auditives au rabais.
Une offre facultative
Cette offre est facultative et un assuré peut toujours choisir un équipement à tarif libre. Mais, avant qu’il fasse son choix, l’audioprothésiste doit lui présenter un devis mentionnant les actes et tarifs du panier 100 % santé.
De même, la prise en charge des aides auditives 100 % santé doit être mentionnée dans les obligations des contrats de complémentaire santé dits « responsables ».
Les caractéristiques des aides auditives
du panier « 100 % santé »
- • Tous les types d’appareils sont concernés (contour d’oreille classique, contour à écouteur déporté, dispositif intra-auriculaire).
- • 12 canaux de réglages, système permettant l’amplification des sons extérieurs restitués à hauteur d’au moins 30 dB.
- • Au moins trois des options suivantes : système anti-acouphène, connectivité sans fil, réducteur de bruit du vent, synchronisation binaurale, directivité microphonique adaptative, bande passante élargie ≥ 6 000 Hz, fonction apprentissage de sonie, dispositif anti-réverbération.
- • 30 jours d’essai minimum avant achat.
- • 4 ans de garantie.
- • Prestations de suivi (au moins une fois par an) pour adapter en continu le réglage de l’appareil en fonction de l’évolution de la perte auditive.
Attention
- • Pour les audioprothèses dont le tarif est libre, la prise en charge totale (assurance maladie obligatoire + complémentaire santé) est limitée à 1 700 € par aide auditive.
- • Une complémentaire santé ne pourra intervenir que dans la limite des garanties du contrat de l’assuré.
Quels changement en audiologie ?
Réforme : un bilan d’étape contrasté
Dans un point d’étape réalisé juste avant le déploiement final du 100 % santé au 1er janvier 2021, les pouvoirs publics constatent des résultats différents dans les trois secteurs dentaire, optique et audiologie.
La mise en œuvre de la réforme est jugée « très satisfaisante » pour le dentaire, secteur où près de 48 % des prothèses posées en 2020 l’ont été dans le cadre du 100 % santé. Par contre, l’optique est en retard sur les prévisions du ministère de la santé, avec un recours au 100 % santé qui dépasse à peine les 10 % du volume des ventes au lieu des 18 % attendus. Ce mauvais résultat pourrait s’expliquer, selon les experts, par le fait que de nombreuses mutuelles santé proposaient déjà une couverture intégrale des soins d’optique, avant que la réforme ne soit lancée.
Pour le secteur audiologie, le résultat est également inférieur aux projections, avec 12 % de recours au 100 % santé. Deux facteurs vont très probablement modifier la donne : d’une part l’application complète de la réforme au 1er janvier 2021, d’autre part le souhait des parlementaires de voir les complémentaires santé proposer un tiers payant « intégral » (portant à la fois sur les remboursements de l’assurance maladie et de la complémentaire santé au plus tard en janvier 2022.