Le taux d’absentéisme au travail qui était de 4,55 % en 2015 et de 5,54 % en 2019, s’établit en 2021 à 6,19 %. Même si une baisse conjoncturelle de 10 % a été constatée par rapport à 2020, année de pandémie mondiale de la Covid-19, le phénomène semble donc bien s’ancrer à la fois dans l’univers du travail et dans le temps.
Avec 22,6 jours d’absence par an et par salarié (37 % des salariés sont concernés par au moins une absence sur l’année), l’année 2021 prouve une nouvelle fois la tendance structurelle de l’absentéisme et met en lumière la nécessité d’une réponse adaptée et à long terme des entreprises.
Les arrêts de longue durée en augmentation
L’étude fait également apparaître une augmentation des arrêts de longue durée. En effet, le taux d’absentéisme pour les arrêts de travail supérieurs à 90 jours est passé de 2,82 % en 2019 à 3,14 % en 2021.
À noter que 45 % des salariés absents pour ces longues durées le sont pour raisons professionnelles (accidents du travail, maladies professionnelles, burn-out…), avec une augmentation sensible des épuisements professionnels.
Un impact du travail sur la santé perçut négativement
Interrogés sur l’effet de leur travail sur leur état de santé, plus de la moitié des salariés estiment qu’il a un impact. Si celui-ci est positif pour 19 % d’entre eux, il est négatif pour 36 %.
Ainsi, près d’un salarié sur trois perçoit négativement l’impact de son travail sur sa santé.
On ne s’étonnera donc pas du constat selon lequel les salariés qui ont une image négative de leur travail se disent en plus mauvaise santé et sont plus nombreux à s’absenter.
Neuf salariés sur dix “engagés” au travail
Deux ans après le début de la crise sanitaire, neuf salariés sur dix se considèrent au début de l’année 2022 comme “engagés” au travail, dont un tiers “très engagés”.
Ce 14e baromètre démontre une évolution positive de la perception de leur engagement : seuls 34 % des salariés “engagés” se sont absentés en 2021, contre 55 % des salariés moins engagés.
Autrement dit, plus un collaborateur est engagé́, moins il est absent, et ce quel que soit son état de santé.
L’individuel prend le pas sur le collectif
Autre enseignement de l’étude, l’évolution du rapport au travail des salariés se poursuit, puisqu’en 2021 un salarié sur quatre a modifié ses critères d’engagement au travail.
Ce sont aujourd’hui et dans l’ordre : la rémunération et les avantages, l’équilibre vie professionnelle et vie personnelle, et enfin l’autonomie.
Les conditions et les relations de travail, qui étaient dans le trio de tête en 2019, n’arrivent désormais qu’en quatrième et cinquième position.
“Grande démission” : le phénomène persiste
Le phénomène dit de la “grande démission” persiste puisque 43 % des salariés déclarent vouloir changer de situation professionnelle.
72 % de ceux qui souhaitent changer ont déjà̀ changé en 2021. Soulignons que la mobilité́ et le souhait de changement diminuent avec l’âge.
Enfin, si 39 % des salariés qui se disent “engagés” déclarent vouloir changer de situation professionnelle, ils sont 79 % chez les “désengagés”.
Un enjeu fort pour les entreprises
« Nous ne traversons pas une crise conjoncturelle, mais bien une crise structurelle, engendrant un changement dans les attentes des salariés : les besoins individuels tendent à prendre le pas sur le collectif, note Sifra Schaeffer, consultante qualité de vie au travail chez Ayming. Les entreprises doivent donc repenser ce collectif de travail tout en intégrant la montée des individualités. Pour mieux prévenir l’absentéisme, l’enjeu aujourd’hui pour elles est de prendre en compte la santé de leurs collaborateurs dans son ensemble, au-delà des facteurs professionnels. Au-delà du développement de leur attractivité pour attirer de nouveaux talents, les entreprises doivent développer la mobilité interne afin de garder leurs collaborateurs, mais également adapter leur culture en travaillant sur les facteurs d’engagement ».
CHIFFRES CLÉ
• 6,19 % taux d’absentéisme moyen annuel
• 22,6 jours d’absence par salarié en 2021 en moyenne
• 37 % salariés ayant connu au moins une absence en 2021
• 39 % salariés absents en 2021 qui se sont absentés en raison de la Covid-19
• 45 % salariés absents qui se sont absentés pour raisons professionnelles (accident du travail, maladie professionnelle, épuisement professionnel, burn-out)
• 81 % salariés de 30 ans et moins qui se déclarent en bonne santé (69 % chez les plus de 50 ans)
• 36 % salariés qui estiment que leur travail a un impact négatif sur leur santé
• 9/10 salariés qui se considèrent “engagés” dans leur travail (dont 1/3 “très engagé”)
• 79 % salariés qui se disent “désengagés” et qui veulent changer de situation professionnelle
« Plus un salarié est engagé, plus il est en bonne santé et moins il s’absente »
« Deux ans après le début de la crise sanitaire, l’évolution du rapport au travail ne fait que s’accentuer, avec des tendances nouvelles qui s’imposent et redessinent nos attentes. Notre étude confirme la corrélation entre la santé, l’engagement et l’absence au travail.
Le cercle vertueux de l’engagement est une évidence : plus un salarié est engagé, plus il est en bonne santé et moins il s’absente. Or, les facteurs d’engagement ont évolué avec un besoin de mieux vivre et d’épanouissement, ce qui traduit un recul de la dimension collective du travail au profit d’une dimension plus individuelle. »
Denis Blanc, Directeur général d’Ayming
« Favoriser le bien-être au travail en développant une culture de la prévention »
« Cette nouvelle édition du baromètre montre que l’absentéisme tend à s’ancrer durablement. Si ce phénomène est un frein à la compétitivité des entreprises, il témoigne également d’un véritable changement quant au rapport au travail. En tant qu’acteur de la prévention santé, il semble important d’en comprendre les différentes causes et d’engager des actions pertinentes afin de favoriser le bien-être au travail en développant notamment une véritable culture de la prévention. »
Philippe Dabat, membre du Comité de direction Groupe d’AG2R LA MONDIALE en charge de la santé prévoyance
MÉTHODOLOGIE
Pour établir leur 14e baromètre, Ayming et AG2R LA MONDIALE se sont appuyés sur deux études :
• une étude quantitative réalisée auprès de 54 939 entreprises employant 3 573 595 salariés en CDI, du secteur privé.
• une étude qualitative conduite par téléphone auprès de 2 300 salariés du secteur privé sur leur absentéisme et leur engagement dans l’entreprise.
Le taux d’absentéisme a été calculé de la manière suivante :
Nombre de jours calendaires d’absence (maladie, AT/MP) sur l’année
——————————————————————X 100
Nombre de jours calendaires de présence sur l’année