Chargé de mission en charge de l’expertise retraite à la direction du réseau d’AG2R LA MONDIALE, Franck Gisclard passe en revue les différents modes de sortie d’un PERI. Si la sortie en capital fractionné est, sauf exceptions, plus intéressante financièrement que la rente viagère, le choix des épargnants n’est pas toujours dicté par des considérations de rentabilité.
Franck Gisclard, Chargé de mission en charge de l’expertise retraite à la direction du réseau d’AG2R LA MONDIALE
Quel point de vue portez-vous sur le plan d’épargne retraite individuel ?
Le PERI est un outil d’épargne fantastique ! Il permet d’abord de se constituer une épargne supplémentaire pour sa retraite en déduisant ses cotisations de ses revenus imposables. Ensuite, il offre à la sortie une infinie variété de possibilités.
La souplesse totale de ce véritable couteau suisse, permet une sortie en rente viagère, en capital, en capital fractionné ou même avec un mix de ces différentes solutions.
Cerise sur le gâteau, même si le capital n’est pas disponible avant la retraite, on peut toutefois en libérer tout ou partie en cours de route, dans quelques cas spécifiques liés aux accidents de la vie, mais aussi à l’achat de la résidence principale.
Or tout le monde s’accordant à dire qu’il faut être propriétaire du toit qu’on a sur la tête quand on part en retraite, le PERI peut donc favoriser l’accès au crédit en abondant l’apport personnel d’un candidat accédant à la propriété.
La sortie en rente ou en capital est le gros changement introduit par le PERI par rapport aux produits d’épargne qu’il remplace. Mais que choisir ?
Les deux formules ont leurs avantages et leurs inconvénients. On pourrait penser que le choix est uniquement dicté par des considérations mathématiques de rentabilité.
En réalité, une grande part de psychologie entre en jeu et certaines personnes vont, par exemple, opter pour la rente viagère alors même que cette solution est, sauf exception, moins intéressante financièrement pour eux.
On disait pourtant, il n’y a encore pas si longtemps que les Français n’aiment pas la rente. Ce ne serait donc plus vrai ?
En fait leur position vis-à-vis de la rente est assez équilibrée et leurs sentiments balancent selon leur degré de sensibilisation à la notion de risque.
Le gros avantage de la rente viagère est qu’il est très sécurisant de savoir que l’on va percevoir un revenu fixe à vie.
A contrario, son principal défaut est qu’elle fait perdre la maîtrise de son capital, lequel est confié au gestionnaire du plan. Je note aussi qu’au vu du succès des jeux télévisés qui se proposent de vous faire gagner telle ou telle somme, chaque mois, durant quelques années, les Français restent friands de revenus fixes dans le temps…
Le besoin de sécurité explique-t-il à lui seul le choix de la rente viagère que font certains épargnants ?
Non, les épargnants qui ont des revenus insuffisants à la retraite n’ont pas vraiment le choix et optent pour la rente viagère, car ils ont, plus que les autres, besoin de sécurité et de revenus supplémentaires réguliers, même si ceux-ci peuvent être marginaux par rapport au capital constitué.
« À durée d’espérance de vie identique, la rente financière est, sauf cas exceptionnel, plus intéressante que la rente viagère. »
Venons-en à la sortie en capital. Quel est son intérêt ?
Cet intérêt est triple. D’une part, on reste maître de son capital. D’autre part, on peut percevoir ce capital de manière très souple, en une fois ou de manière fractionnée, sous la forme d’une rente financière.
Enfin, la sortie en capital fractionné est un outil de transmission de son patrimoine dans la mesure où, en cas de décès, l’épargne restante est transmise aux héritiers.
C’est mathématique, à durée d’espérance de vie identique, la rente financière est, sauf cas exceptionnel, plus intéressante que la rente viagère !
Prenons un exemple pour illustrer votre propos…
Imaginons un capital de 100 000 euros constitué via un PERI.
L’option sortie en rente 100 % réversible et avec 25 annuités garanties permet en moyenne d’obtenir un revenu fixe à vie d’environ 2 500 euros par an.
Il va donc falloir 30 à 40 ans, selon la revalorisation de la rente sur la durée, pour récupérer le capital et un épargnant qui commence à percevoir cette rente lors de son départ en retraite à 64 ans, devra donc vivre jusqu’à… 90 ans ou 100 ans pour être sûr de rentrer dans ses fonds.
Possible mais personne ne maitrisant son espérance de vie, très aléatoire tout de même. S’il décède, et si son conjoint décède également après les 25 ans garantis, le capital restant restera au gestionnaire du plan (assureur ou gestionnaire d’actif).
La sortie en rente financière permet, elle aussi de percevoir 2 500 euros par an en programmant des versements fractionnés de ce montant.
Mais, dans ce cas, l’épargnant garde la main sur son capital, avec la possibilité de modifier le fractionnement ou de l’arrêter, mais aussi d’effectuer, à tout moment, des retraits en tout ou partie.
Et s’il décède, le capital restant sera transmis à ses ayants droit.
La différence d’âge dans un couple peut-elle influer sur le choix entre rente ou capital ?
C’est un paramètre à prendre en compte. Prenons l’exemple d’un épargnant plus âgé de dix ans que sa conjointe, ce qui peut arriver aujourd’hui dans les familles recomposées.
Statistiquement, la durée de versement de la rente viagère sera plus longue et le taux de rente sera donc moins intéressant. Plus la différence d’âge est importante, plus la rente sera faible. Le capital fractionné, lui, se moque de la différence d’âge entre les conjoints.