Jean-Michel Muzard, directeur de la Clientèle des Professionnels et TPE AG2R LA MONDIALE
La loi PACTE, une nouvelle opportunité pour l’optimisation fiscale ?
Oui, la loi PACTE vise à faire du PER le nouveau placement financier préféré des Français, venant concurrencer l’assurance vie. En offrant la possibilité à des épargnants plutôt réfractaires à la rente, de sortir de leur contrat au terme en rente, en capital, en capital fractionné… elle rend ce produit “sexy”.
Cerise sur le gâteau, elle ouvre aussi de nouvelles perspectives pour l’optimisation fiscale de fin d’année, préoccupation majeure des assureurs et de leurs clients. Plus la tranche d’imposition à laquelle on est assujetti est importante, plus l’opération est intéressante, dans la limite toutefois de l’enveloppe fiscale dévolue à chaque contribuable.
Sur le marché des professionnels et des TPE, dont vous êtes le directeur, que représente l’optimisation fiscale de fin d’année ?
C’est un enjeu énorme dans la mesure où la moitié de notre chiffre d’affaires se réalise du 1er septembre au 31 décembre.
Durant cette période charnière, notre réseau va mettre tous nos produits défiscalisants à la disposition de nos clients, afin que les sommes versées avant le dernier jour de l’année puissent être déductibles de leurs revenus imposables.
Toutes nos forces commerciales sont mobilisées pour contacter 100 % de notre portefeuille, car c’est une promesse que nous faisons à nos clients : nous mettons en place un contrat avec eux, nous les aidons à calculer leur effort d’investissement, mais nous reviendrons aussi vers eux chaque année, avant la fin de l’exercice, pour mesurer leur capacité d’épargne supplémentaire et leur permettre d’améliorer encore leur retraite, tout en payant moins d’impôts.
« Pour qu’une prime soit prise en compte dans l’exercice fiscal, il faut impérativement qu’elle soit versée avant le 31 décembre. Dès le 1er janvier, c’est trop tard et il ne faut donc pas rater le coche ! »
Concrètement, comment se présente ce service que vous leur apportez ?
Notre accompagnement se déroule en trois temps.
Un, nous chiffrons le montant de la pension de retraite issue des régimes obligatoires que le client percevra et nous fixons avec lui le montant idéal de ses revenus.
Deux, nous calculons l’enveloppe fiscale à laquelle il a droit.
Trois, nous calculons le gain associé.
Sachant qu’en France, le barème de l’impôt sur le revenu est progressif, nous faisons du cousu main en prenant en compte toutes les tranches d’imposition.
Le calcul de l’enveloppe fiscale annuelle est très important, les revenus de nos clients ne sont pas linéaires et se priver de cette optimisation fiscale annuelle est très dommageable sur le long terme, d’autant que les enveloppes sont intéressantes.
Nous avons aussi avancé sur le self care, en proposant à nos clients un simulateur sur leur espace client, permettant à chacun de calculer son enveloppe fiscale.
À titre d’exemple
Un libéral ayant un bénéfice imposable projeté 2022 de 60 000 € pourra investir 8 830 € au titre de l’article 154 bis du Code général des impôts avant la fin de l’exercice, et économisera donc, en partant du principe que sa tranche marginale d’imposition est de 30%, 2 649 € d’impôts, soit un effort réel d’épargne de 6 181 €.
La ligne de mire, c’est donc le 31 décembre ?
Oui, pour 2022, le compte à rebours qui prendra fin le 31 décembre est lancé. Notre objectif est de ne laisser personne sur le bord de la route en évitant ce que nous appelons une perte de chance.
Certains clients attendent d’avoir le retour de leur expert-comptable sur les prévisions de revenu et/ou de bénéfices de l’exercice, ce qui peut les amener à nous interpeller assez tard… Mais quoi qu’il en soit, pour qu’une prime soit prise en compte dans l’exercice fiscal, il faut impérativement qu’elle soit versée avant le 31 décembre.
Dès le 1er janvier, c’est trop tard et il ne faut donc pas rater le coche ! J’en profite pour souligner le travail très important que nous faisons avec les experts-comptables, qui sont pour nous des partenaires de premier rang dans cette opération d’optimisation fiscale.
Ce que vous nous avez expliqué pour le marché des professionnels et des TPE est-il aussi valable pour les salariés ?
Absolument ! L’enveloppe fiscale n’est pas la même, mais la logique reste identique : on peut effectuer des versements exceptionnels sur son PER avant la fin de l’année et les déduire de ses revenus pour payer moins d’impôts l’année suivante tout en se constituant une provision pour sa retraite.
Attention toutefois à calculer correctement les enveloppes fiscales auxquelles nos clients ont droit en un y intégrant notamment les autres dispositifs que permet d’englober le PER, notre réseau est formé pour cela.
« Le PER n’est que l’un des outils à notre disposition, mais pas des moindres »
Expert-comptable à Asnières (92) sur seine et correspondant régional d’AMPHITÉA, Fabrice Heuvrard est en première ligne avec ses clients lorsqu’il s’agit de les accompagner dans leur optimisation fiscale personnelle de fin d’année.
« Quand on parle de PER, je n’aime pas trop employer le terme optimisation fiscale et je préfère parler de préparation de la retraite.
Ceci dit, la fin d’année est pour nous experts-comptables une période charnière dans ce domaine. C’est à ce moment-là que nous préparons les bilans de nos clients, que nous évaluons leur marge de manœuvre en matière de stratégie retraite et que nous pouvons les conseiller pour mettre en œuvre, ou pas, une action d’optimisation.
Cela peut être, bien sûr, un versement exceptionnel sur un Plan d’Épargne Retraite, mais le PER n’est que l’un des outils à notre disposition, et pas des moindres !
Nous pouvons aussi actionner un Girardin Industrie ou un Pinel, suggérer un investissement dans une cryptomonnaie, dans un prêt participatif… tout dépend en fait de notre client, de sa situation, de son patrimoine, de son âge, de ses besoins ou de ses objectifs… Tout dépend aussi si son PER est inscrit dans son patrimoine professionnel ou s’il est établi sur un compte personnel et assujetti à l’impôt sur le revenu.
Une chose est sûre, plus nous retardons l’établissement du bilan de l’entreprise, plus nous savons si l’année a été bonne et plus nous réduisons la marge d’erreur en matière de stratégie d’investissement. C’est donc plutôt en novembre que nous allons travailler.
À ce sujet, j’ai un petit message à faire passer aux assureurs : donnez-nous le plus tôt possible les attestations de déductibilité et n’attendez pas avril pour le faire ! »