Age de départ : de 55 à 65 ans
Concernant l’âge de départ en retraite, trois camps s’affrontent : ceux qui veulent le repousser, les tenants du statu quo et ceux qui veulent l’avancer.
Pour un recul, Emmanuel Macron (La République en marche) et Valérie Pécresse (Libres ! Les Républicains) proposent tous deux un allongement progressif de l’âge de départ à 65 ans, tandis qu’Éric Zemmour (Reconquête !) a opté pour 64 ans.
Pour le statu quo, Anne Hidalgo (Parti socialiste), Jean Lassalle (Résistons), Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France), Yannick Jadot (Europe Écologie Les verts) et Marine Le Pen (Rassemblement national), ne veulent pas changer l’âge actuel de départ de 62 ans.
La candidate du Rassemblement national propose toutefois un départ à 60 ans pour ceux qui sont entrés dans la vie active avant 20 ans.
Enfin, quatre candidats plaident pour une avancée du départ à 60 ans : Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise), Fabien Roussel (Parti communiste), Philippe Poutou (Nouveau parti anticapitaliste) et Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière).
Départ anticipé pour les métiers pénibles
La prise en compte des activités pénibles (port de charges lourdes, horaires décalés…) permettant un départ anticipé fait quasiment consensus, à droite comme à gauche, y compris chez ceux qui ne veulent pas toucher à l’âge de départ.
La plus précise dans ses propositions sur ce point est Anne Hidalgo qui veut rétablir quatre critères de pénibilité supprimés par le gouvernement d’Emmanuel Macron. Le plus « généreux » est Philippe Poutou qui propose un départ anticipé à 55 ans.
Report du départ en retraite : un surcoût pour les assureurs
Les propositions d’Emmanuel Macron, de Valérie Pécresse et d’Éric Zemmour sur le report de l’âge légal de départ en retraite auraient des conséquences positives sur les finances publiques et l’équilibre à terme du système de retraite en France. Mais reculer cet âge de départ de 62 ans actuellement à 65 ans (Emmanuel Macron et Valérie Pécresse) ou à 64 ans (Éric Zemmour) aurait aussi des conséquences moins positives pour les assureurs. Partir plus tard signifierait que les personnes indemnisées dans le cadre d’un contrat prévoyance pour invalidité ou longue maladie seraient prises en charge plus longtemps. Un surcoût évalué autour d’une dizaine de milliards d’euros pour l’ensemble des assureurs.
Plus globalement, le Conseil d’orientation des retraites (COR) a évoqué dans son rapport de juin 2021 les conséquences d’un report de l’âge de la retraite sur les allocations chômage, invalidité et exclusion (minima sociaux), la durée de perception de ces allocations étant alors allongée.
Régimes spéciaux : le flou artistique
Alors qu’il voulait imposer la fin de tous les régimes spéciaux dans sa réforme des retraites avortée, pour aller vers un système universel, Emmanuel Macron évoque toujours cet objectif, mais en étant moins précis. Même flou artistique chez les autres candidats, visiblement peu pressés de s’aliéner les voix des bénéficiaires de régimes exorbitants du droit commun.
Petites pensions : consensus autour de la revalorisation
Ils sont tous d’accord ! Alors que le montant moyen de la pension de retraite est actuellement en France de 1460 euros par mois, tous les candidats proposent de le revaloriser.
• Emmanuel Macron avance un minimum de retraite à 1 100 euros.
• Valérie Pécresse propose l’équivalent d’un Smic net par mois. Elle veut également augmenter de 39 % les pensions de réversion des conjoints survivants s’ils n’ont pas acquis de droits personnels à une retraite.
• Éric Zemmour veut faire passer de 54 % à 75 % la pension de réversion et rétablir la demi-part fiscale pour les veufs et veuves.
• Jean-Luc Mélenchon veut indexer les pensions sur les salaires et porter toutes les retraites au niveau du Smic revalorisé à 1 400 euros net.
• Marine Le Pen propose une pension minimale de 1 000 euros pour chaque retraite. Elle veut aussi indexer les pensions sur l’inflation et rétablir la demi-part fiscale des veuves et veufs.
• Anne Hidalgo annonce aussi une « revalorisation des petites retraites ».
• Fabien Roussel plaide pour un montant minimal de 1 200 euros net et veut une pension atteignant 75 % du revenu net d’activité.
• Nicolas Dupont Aignan propose d’indexer les retraites sur l’inflation et une augmentation annuelle de leur montant.
• Yannick Jadot propose qu’aucune personne âgée ne vive en dessous du seuil de pauvreté.
• Jean Lassalle veut garantir « par la Constitution » le pouvoir d’achat des retraités face à l’inflation.
• Philippe Poutou veut aussi, sans plus de précision, revaloriser les retraites. Son programme prévoyant qu’aucun revenu ne soit en dessous de 1 800 euros nets, on peut en déduire que les pensions ne feront pas exception…
• Nathalie Arthaud veut porter la pension minimum à 2 000 euros net par mois.
Le commentaire de Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’Épargne
« 17 millions de Français sont à la retraite en 2022, en 2045, ils seront 23 millions. Chaque année plus de 800 000 personnes partent à la retraite. Rien d’étonnant, donc, si la plupart des candidats font des propositions dans ce domaine ! Après le report de la réforme systémique visant à l’introduction d’un régime universel par points, la prudence est de mise. C’est le retour des mesures paramétriques, l’âge de départ, la revalorisation des pensions, etc.
Dans les programmes, plusieurs candidats insistent sur le rééquilibrage des régimes de retraite en proposant le recul de l’âge de départ à la retraite. Ils associent ce recul à des mesures visant ceux qui ont commencé à travailler tôt ou qui ont été confrontés à des travaux pénibles. Il est à noter que Marine Le Pen qui a longtemps proposé le retour de la retraite à 60 ans avance désormais l’idée d’un maintien de l’âge à 62 ans. Jean-Luc Mélenchon demeure, parmi les candidats les plus importants, celui qui prône le retour à 60 ans en finançant cette mesure par une taxation accrue des ménages aisés.
Quant aux régimes spéciaux, à part Emmanuel Macron qui est revenu sur son idée de régime universel et évoque désormais une convergence entre trois pôles « public », « privé » et « indépendants », tous les candidats sont très prudents ; il faut dire qu’un million de familles sont concernées…
La question de l’indexation des pensions est également soulevée. Certains candidats en appellent à une meilleure indexation soit en fonction de l’inflation ou du salaire moyen. La question du pouvoir d’achat des retraités sera au cœur du débat électoral et des prochaines années. »