Comment appréhendent-elles la protection sociale et patrimoniale dans leur vie personnelle et professionnelle ? Huit Correspondantes régionales AMPHITÉA témoignent pour nous.
Réunies à Paris le 28 janvier, à l’occasion de la 67e Rencontre nationale des Correspondants régionaux d’AMPHITÉA, les femmes de votre Association s’adressent à vous.
“J’ai réagi comme un mec !”
Muriel Place, experte judiciaire (PACA)
C’est lorsque je me suis retrouvée seule avec mes deux enfants, après mon premier divorce, que j’ai pris conscience de la nécessité de prendre ma vie en main. Avant cet électrochoc, je comptais sur mon mari comme beaucoup de femmes, et j’étais trop préoccupée par ma carrière, mes enfants et la tenue de ma maison, pour m’intéresser à ma protection sociale. J’ai réagi comme un mec en me disant que je ne voulais plus jamais dépendre de quelqu’un !
Un ami assureur m’a incitée à me créer un complément retraite et j’ai alors commencé à cotiser. Des petites sommes, car je n’avais pas beaucoup de moyens, mais le mouvement était lancé.
Aujourd’hui, je suis hyper bien protégée, avec une très bonne mutuelle santé et un patrimoine que je me suis créé en investissant dès que j’avais un peu d’argent. J’ai deux fils et quatre petits-enfants et je cotise aussi pour eux chaque mois sur des assurances vie et des compléments retraite. Là encore des petites sommes, mais ce sont les petits ruisseaux qui font les grandes rivières…
“Sois autonome !”
Isabelle Burlett, associée d’un cabinet d’expertise comptable (Vosges)
Avant d’être associée avec mon mari dans un cabinet d’expertise-comptable, j’ai travaillé dans l’assurance. Je me suis donc sentie concernée dès le début de ma carrière, à 22 ans, par ma protection sociale et j’ai mis en place tout ce qu’il faut en santé, prévoyance, retraite… Il faut dire aussi que ma mère m’a toujours dit : « Sois autonome, ne dépends que de toi ! »
Même si je suis mariée depuis plus de 30 ans avec le même homme, et que nous avons toujours beaucoup échangé ensemble au sujet de nos contrats respectifs, ce conseil maternel n’a jamais quitté mon esprit et je tiens à mon indépendance. Les jeunes femmes que je vois autour de moi sont plus sensibilisées à leur protection sociale que les femmes de mon âge.
Mais, la retraite passe encore au second plan. Il faut leur faire comprendre que commencer à mettre de l’argent de côté dès leur plus jeune âge, même 50 euros par mois, c’est une manière obligatoire de prendre leur avenir en main et d’avoir les moyens de répondre éventuellement à un besoin urgent en cas d’accident de la vie.
“Tout ce qui a trait au social est assez nébuleux”
Patricia Bordet, retraitée (Auvergne Rhône-Alpes)
Avec mon mari, nous avons réalisé un audit patrimonial pour optimiser, fiscalement notamment, la transmission de nos biens à notre fille. Nous ne sommes pas multi millionnaires et le point a été relativement vite fait, mais cet exercice a été efficace et nous a permis de mettre en place une assurance vie pour notre fille et des contrats épargne pour nos petits-enfants. Je conseille d’ailleurs de réaliser au moins deux audits patrimoniaux au cours de sa vie, le premier vers l’âge de 40 ans, le second à l’approche de la retraite.
Il y a un vrai problème général de sensibilisation et d’information. Pour l’ensemble de la population, tout ce qui a trait au social est assez nébuleux… Emploie-t-on le bon langage, est-on assez pédagogue ? On a beau entendre parler tous les jours dans les médias de réforme des retraites, le fait d’agir soi-même et de ne pas tout attendre de la collectivité est loin de faire l’unanimité.
Il y aussi un problème de lisibilité des produits proposés. Comparer, par exemple, les avantages et les inconvénients de deux mutuelles est quasiment impossible !
“L’information est un vrai défi”
Laetitia Riveron, directrice des ressources humaines du Futuroscope (Poitou-Charentes)
En tant que directrice de l’organisation et des ressources humaines du Futuroscope, j’ai une vision assez affutée de la prévoyance, un sujet qui pèse socialement parlant dans l’entreprise et que nous menons, main dans la main, avec les partenaires sociaux. Il fait même aujourd’hui partie des critères de choix des salariés à travers l’image qu’il donne de l’entreprise sur le plan social et humain. J’ai donc, à titre professionnel, une bonne couverture santé.
Plus globalement, la santé et la prévention sont des priorités pour moi vis-à-vis des salariés et j’organise chaque année des campagnes d’informations régulières, en lien avec les grandes causes nationales, ou autour de thèmes tels que le sommeil.
En matière de retraite, j’ai ouvert un PERP, sensibilisée par un conseiller AG2R LA MONDIALE qui a su m’expliquer de manière simple et pragmatique les enjeux d’une retraite supplémentaire.
L’information en la matière est un vrai défi, car le sujet se complexifie sans cesse et il faudrait pouvoir en parler de la même manière que l’on explique quelque chose à sa grand-mère !
“La démarche doit être personnelle”
Salma Martin, hôtelière-restauratrice (La Réunion)
Ma prise de conscience est venue progressivement, par les échanges informels que j’ai eus avec mon expert-comptable, mes amis, ma famille, mes réseaux professionnels… Et également en étant témoin des difficultés que l’on peut rencontrer si l’on n’est pas bien protégée. J’avais environ 35 ans lorsque j’ai pris des dispositions pour ma prévoyance “décès, invalidité” et “santé” et pour compléter volontairement ma retraite. Lorsque ma situation financière s’est stabilisée, je suis passée à l’épargne patrimoniale.
Aujourd’hui, je suis toujours demandeuse d’informations et d’éléments d’aide à la décision, car le monde de la protection sociale et patrimoniale est excessivement complexe, et pas simplement pour les femmes ! Nous sommes tous livrés à nous même dans ce domaine et si on ne prend pas le taureau par les cornes, personne ne le fera pour nous.
La démarche doit être personnelle, et même si, comme moi qui suis travailleur indépendant, on est soumis à un quotidien prenant, il faut aller chercher les conseils de bons professionnels pour enclencher une démarche.
“Un vrai enjeu sociétal”
Marion Robert, PDG de deux entreprises du bâtiment (Gard)
En tant que dirigeante de deux entreprises du Bâtiment, je bénéficie, comme mes salariés, de la prévoyance, très complète, de Pro BTP et j’ai la chance d’avoir été sensibilisée au problème de la protection sociale par ma famille.
De son vivant, mon papa avait prévu la transmission des parts de sa société afin qu’à son décès, tout soit prévu, organisé. Cette expérience m’a incitée à anticiper et à m’organiser à mon tour, même si je n’ai que 45 ans et que mon fils n’en a que 5. Côté retraite supplémentaire, j’ai bien sûr fait le nécessaire, pour moi-même, mais aussi pour mes collaborateurs cadres, c’est un juste retour des choses pour eux.
L’information sur la nécessité de prendre en charge personnellement sa protection est un vrai enjeu sociétal.
Au cours de mes études en école d’ingénieur, et même lorsque j’ai fait un DESS de gestion d’entreprise, jamais on ne m’a parlé de protection sociale… Il est vrai qu’à 25 ans, on n’y pense pas. C’est avec l’âge, mais aussi la maternité, que l’on prend conscience de la nécessité de protéger ses enfants, sa famille sur le long terme.
“Si on leur explique, les jeunes sont capables d’anticiper”
Géraldine Gien-Lance, géomètre-expert (Bourgogne-Franche-Comté)
Ce n’est qu’en atteignant la cinquantaine que je me suis vraiment préoccupée de ma protection sociale. Jusqu’alors, j’avais assuré ma couverture en santé prévoyance, car c’est un sujet que l’on maîtrise plutôt bien chez les professionnels libéraux. Mais côté retraite, je ne m’y étais pas vraiment intéressée. Lorsqu’on est chef d’entreprise, on est souvent sollicité et j’avais souscrit à un ou deux contrats, mais sans structurer ma réflexion sur le long terme.
Avec l’âge et en étant correspondante régionale d’AMPHITÉA, je suis aujourd’hui beaucoup plus informée, impliquée et organisée. Je sais que j’aurais dû commencer il y a longtemps à préparer ma retraite, car j’ai pris conscience qu’il faut démarrer le plus tôt possible. Mais personne ne nous y prépare.
Et puis notre système social, trop confortable, ne nous incite pas à nous pencher sur notre avenir. Il y a là un vrai problème d’éducation ! Moi, j’en ai parlé à mes enfants et ils sont très réceptifs, la preuve que si on les alerte, si on leur explique, les jeunes sont capables d’anticiper…
“Mettre l’humain au centre de nos préoccupations”
Chérifa Linossier, directrice des relations extérieures d’une banque en ligne (Nouvelle-Calédonie)
Pendant longtemps, je ne me suis pas sentie concernée par ma protection sociale et patrimoniale. Et puis, en me conduisant à faire le point, mon divorce a été l’élément déclencheur. Aujourd’hui, je suis plus informée et engagée.
Plusieurs raisons peuvent, pour moi, expliquer le manque d’implication des femmes. Un manque général d’information tout d’abord. Le monde de l’assurance est globalement un univers très technique, très compliqué, où l’on emploie des termes « métiers » difficilement compréhensibles par le grand public. Il faudrait plus de vulgarisation et de pédagogie dans la communication.
Ensuite, rien ne nous prépare à nous intéresser à notre protection sociale, avant que nous y soyons contraints, par un accident de la vie… Même quand on fait des études supérieures d’économie comme moi, on apprend à parler d’inflation ou de PIB, mais pas de ce qui touche à l’humain. Mettre l’humain au centre de nos préoccupations me semble donc indispensable.
RENCONTRE
“Protection sociale et patrimoniale : au cœur de l’inégalité homme-femme”
Pour expliquer l’inégalité entre les femmes et les hommes en matière de revenus on évoque généralement le salaire. Si les femmes sont, en effet, globalement moins bien payées que les hommes, elles perçoivent aussi généralement une pension inférieure après leur cessation d’activité. On en parle moins, mais la retraite est une source importante d’inégalité !
Présidente de l’association Parité Assurance, Isabelle Hébert (par ailleurs Directrice de la distribution omnicanale et de la relation client d’AG2R LA MONDIALE) nous dit pourquoi.