Directeur général adjoint d’AG2R LA MONDIALE, Philippe Dabat analyse les enjeux de la prévoyance et son poids dans les activités du groupe.

Philippe Dabat, directeur général adjoint d’AG2R LA MONDIALE
AMPHITÉA magazine : Que pèse la prévoyance dans les activités d’AG2R LA MONDIALE ?
Philippe Dabat : Les trois volets de la prévoyance que sont l’arrêt de travail, l’invalidité et le décès, représentent un chiffre d’affaires de 1,8 milliards d’euros pour notre groupe, très actif dans quatre grands types d’activités : la couverture prévoyance des salariés, cadres ou non-cadres, celle des travailleurs non-salariés, la couverture très spécifique des chefs d’entreprise au-delà de la prévoyance classique, et enfin l’assurance dépendance, dont nous sommes l’opérateur historique en France depuis 1985, lorsque nous avons lancé la première assurance autonomie baptisée SAFIR, pour sécurité et autonomie financières des retraités. Nous sommes aussi très actifs dans l’assurance obsèques.
A. M. : Concernant la prévoyance des salariés des entreprises, vous en êtes l’un des acteurs principaux…
Ph. D. : Oui, en gérant près de 110 accords de branches qui couvrent 4 millions de salariés et 350 000 entreprises, dont 95 % ont moins de 20 salariés, nous sommes un partenaire privilégié des branches professionnelles. Mais nous intervenons aussi auprès des entreprises qui ne sont pas couvertes par une convention collective, ou qui souhaitent améliorer la couverture prévue par la convention collective de leurs salariés, en leur proposant une prévoyance sur-mesure.
A. M. : La prévoyance est un enjeu très important pour les TNS. Que leur proposez-vous ?
Ph. D. : Si les salariés sont généralement plutôt bien couverts par leur entreprise, les TNS doivent construire eux-mêmes leur prévoyance. Or, s’il y a bien une catégorie de Français qui sous-estiment le risque de subir un arrêt de travail (difficulté de santé ou accident) , c’est bien eux !
Nous leur proposons une approche très structurée et une analyse personnalisée précise, afin de coller au mieux à leurs besoins, qui concernent autant leur situation familiale que leur structure professionnelle.
A. M. : En quoi la prévoyance des chefs d’entreprise est-elle spécifique ?
Ph. D. : Ils ont besoin de la même couverture que tout le monde en cas d’arrêt de travail, d’invalidité et de décès, mais leur statut de dirigeant exige aussi des garanties particulières, comme la garantie homme clé ou la garantie croisée entre associés, qui visent à protéger le fonctionnement et la pérennité de leur entreprise. Nous sommes des spécialistes de ce type de prévoyance.
En quoi la prévoyance des chefs d’entreprise est-elle spécifique ?
Ph. D. : Ils ont besoin de la même couverture que tout le monde en cas d’arrêt de travail, d’invalidité et de décès, mais leur statut de dirigeant exige aussi des garanties particulières, comme la garantie homme clé ou la garantie croisée entre associés, qui visent à protéger le fonctionnement et la pérennité de leur entreprise. Nous sommes des spécialistes de ce type de prévoyance.
A. M. : Avez-vous constaté ces dernières années une évolution des besoins ?
Ph. D. : Oui, le vieillissement de la population au travail entraîne une augmentation du coût de la prévoyance et la prévention de la santé au travail est devenue un enjeu majeur pour les entreprises. Le burn-out des dirigeants de sociétés, par exemple, est devenu une cause de disparition d’entreprise.
Nous travaillons avec les fédérations professionnelles sur des programmes de prévention et d’accompagnement des chefs d’entreprise, trop souvent seuls face à ce type de problème.
Mais un autre enjeu de la prévoyance pour les dirigeants est de vérifier qu’à tout moment leur entreprise est en cohérence avec ce que prévoit leur convention collective. Si, par exemple, celle-ci prévoit une indemnité de fin de carrière lorsqu’un salarié part en retraite, il est primordial de vérifier, ou de faire vérifier par son expert-comptable, si cette charge future est bien provisionnée au bilan.
Cet enjeu de conformité nécessite un suivi régulier. D’ailleurs, l’audit de passif social est devenu l’un des points clé dans une transmission ou une vente d’entreprise.
« Anticiper une perte d’autonomie, lorsqu’on se rapproche de ses 65 ans doit devenir un réflexe. »
A. M. : Le risque de dépendance augmente. Cela ne change-t-il pas également la donne ?
Ph. D. : La perte d’autonomie est en effet devenue un risque important avec le vieillissement de la population et il faut en avoir conscience, même si personne n’a envie d’en parler et de se projeter en situation de dépendance lourde…
D’une part, l’écart entre le prix d’un hébergement dans un établissement spécialisé et le niveau moyen des retraites est très significatif, d’autre part, les départements qui dispensent l’Aide personnalisée à l’autonomie, l’APA, ont de moins en moins de moyens, ce qui peut générer un reste à charge important pour les familles…
Anticiper une éventuelle perte d’autonomie en fin de vie, lorsqu’on se rapproche de ses 65 ans devrait donc devenir un réflexe, de la même façon qu’on assure sa voiture ou son logement !
A. M. : En résumé, quels conseils souhaitez-vous donner aux adhérents d’AMPHITÉA ?
Ph. D. : Quel que soit votre statut, salarié, cadre, TNS, chef d’entreprise, souciez-vous de votre prévoyance au sens large. Faites le point avec un spécialiste capable de croiser votre situation personnelle avec votre situation professionnelle. Notre bilan de protection sociale est un excellent outil pour cela.
Choisissez le bon niveau de prévoyance. Nous voyons trop souvent des clients qui découvrent, par exemple, que leur contrat prévoit un délai de franchise de 90 jours, parce qu’au moment de la souscription ils ont donné la priorité à des cotisations modestes…
Enfin, pensez prévention santé au travail et perte d’autonomie.
A. M. : Faut-il commencer le plus tôt possible ?
Ph. D. : Pour un professionnel, il faut commencer quand c’est le bon moment, c’est-à-dire, dès l’installation. Et si on n’a pas fait le point depuis trois ans, il faut le faire immédiatement.
Pour un salarié, et même si on fait confiance à son employeur, il faut vérifier ce que contient sa convention collective ou son accord d’entreprise et éventuellement repenser ou compléter sa prévoyance en prenant en compte, notamment, sa situation familiale personnelle et les risques professionnels liés à son métier.
Pour tout le monde, la prévoyance, ce n’est pas demain, c’est tout de suite !