« Le bien vieillir, un défi colossal »

Le groupe AG2R LA MONDIALE s’engage sur le bien vieillir, comment cela se manifeste-t-il ?

Véronique Poncin, Directrice des nouveaux métiers et services du bien vieillir d’AG2R LA MONDIALE et membre du Conseil d’administration d’AMPHITÉA

Préparer et accompagner le bien vieillir de nos assurés est au cœur de l’ADN du groupe AG2R LA MONDIALE. Au-delà de nos métiers en retraite, épargne, santé et prévoyance, notre stratégie de diversification dans ce domaine s’est d’abord traduite par l’acquisition de DOMITYS, leader en France des résidences services pour seniors.
Parmi les différentes formes d’habitat destinées aux seniors, celle que propose DOMITYS répond à une forte demande et contribue au maintien en autonomie des personnes âgées. Avec plus de 150 résidences présentes en France et grâce à une équipe disponible et formée ainsi qu’à une large gamme de services de facilitation du quotidien, DOMITYS propose un cadre idéal pour permettre à chaque sénior de vivre pleinement la vie telle qu’il l’entend tout en se sentant plus serein et mieux entouré.
Nous explorons également différentes pistes de nouveaux services pour aider les séniors à bien vieillir chez eux. Nous nous intéressons notamment à des solutions innovantes de monétisation du patrimoine immobilier des seniors.

En quoi cette monétisation du patrimoine est-t-elle importante ?

Compte-tenu, d’une part de l’évolution démographique de la société, d’autre part de l’offre encore trop limitée en matière d’hébergement des personnes âgées, le maintien à domicile des personnes âgées va devenir un enjeu majeur dans les années qui viennent.
Qu’il s’agisse d’aménager son logement pour vieillir à la maison ou de solliciter des services d’aide à domicile, le coût du bien vieillir chez soi va être significatif.
Ce que le gouvernement appelle le « virage domiciliaire » est mis en lumière, en chiffres, dans l’enquête « Combien ça coûte d’être vieux en France » menée par Retraite.com et Silver Alliance.
Pour vieillir dignement à domicile à partir de 65 ans, il faut dépenser en moyenne, et sur 30 ans, 13 971 euros par an ou 1 164 euros par mois, avec de grands écarts selon l’avancée en âge et le niveau de services souhaité. Rien qu’en 2022, cette dépense moyenne de 1 164 euros a augmenté de 6,83 %… ».
Il est donc nécessaire d’aider les séniors à trouver de nouveaux moyens de financer leur maintien à domicile. Ils sont 70 % à être propriétaires de leur résidence principale mais ce patrimoine est un actif peu liquide.

Quel pourrait être le principe de cette monétisation ?

Imaginons un logement qui vaut 400 000 € en pleine propriété et que le propriétaire de 75 ans devrait occuper, compte tenu de son âge, une quinzaine d’années. Le principe serait de démembrer la propriété, d’estimer la valeur de l’usufruit correspondant à ces quinze ans, soit environ 160 000 euros, et ainsi de lui verser immédiatement la valeur de la nue-propriété, environ 240 000 €, ce qui correspond à 60 % de la valeur de son bien.

Et que ferait le particulier de cette somme récupérée ?

Selon les constats que l’on peut faire sur le marché, cette somme serait partagée en trois parts à peu près égales : un tiers pour aider à financer le quotidien, un tiers pour aménager son logement, aider financièrement ses enfants et petits-enfants ou encore financer d’autres projets, et un tiers pour garder une poire pour la soif en effectuant un placement.

Quel serait l’intérêt de l’assureur ?

L’assureur a tout d’abord un intérêt à apporter de nouvelles solutions innovantes à ses clients. En aidant le sénior c’est toute la famille qui est accompagnée dans ce parcours complexe du maintien à domicile !
Cela renforcera le lien entre le client et l’assureur. L’assureur aura la possibilité également de devenir acquéreur de la nue-propriété dans le cadre de ses investissements immobiliers de placement.
Et enfin il sera légitime à conseiller son client dans le réinvestissement de son capital.
L’objectif est qu’AG2R LA MONDIALE devienne un tiers de confiance, en sécurisant non seulement son client, mais aussi ses ayants-droits. Cela impose un cadre éthique et responsable fort, sur un marché où il n’est pas rare de voir des taux de frais du viager totalement extravagants !

Et si la personne décède avant le terme du contrat ou souhaite déménager ?

Elle peut effectivement décéder avant d’avoir consommé la totalité de son usufruit, mais aussi décider, et ce n’est pas rare, de déménager pour se rapprocher de sa famille, de ses amis…
Dans ce cas la solution que nous étudions prévoit un dispositif de compensation qui serait versé au sénior en cas de déménagement ou à ses ayants-droits en cas de décès. Ainsi en cas de départ prématuré, et contrairement au viager classique, ce système garantit au senior et à sa famille d’avoir monétisé le bien à sa juste valeur.

Qui serait concerné par une telle opération ?

Au départ de notre réflexion, nous pensions principalement aux seniors dont les revenus sont modestes et qui peinent à financer leur quotidien et leur maintien à domicile. Et puis nous avons pu constater que cette solution intéressait également des seniors plus aisés mais qui veulent gérer leur succession de leur vivant.
Cette opération de démembrement leur permet de disposer de liquidités pour notamment, aider les jeunes générations, pour lesquelles l’acquisition d’un logement est freinée par les prix de l’immobilier et la hausse des taux.

« Ce marché ne pourra se développer que si le sénior est accompagné de manière éthique et sécurisée dans ses choix ! »