La retraite est le domaine où les inégalités sont les plus marquées entre les sexes. C’est « LE » gros point noir pour les femmes, le problème qu’elles doivent résolument prendre à bras le corps pour éviter de sévères déconvenues au moment de leur cessation d’activité, notamment un risque réel de paupérisation.
Constat sans appel : toutes générations confondues, les pensions moyennes des femmes sont inférieures en France de 40 % à celles des hommes, en raison, principalement, de salaires inférieurs. Cet écart important oblige les femmes à partir en retraite un peu plus tard (63,2 ans) que les hommes (62,7 ans), si elles veulent bénéficier d’une retraite à taux plein.
Les différences de statut sont également une cause d’inégalité, avec des modes de calcul de la pension de retraite qui diffèrent sensiblement entre salariés, fonctionnaires et travailleurs indépendants.
Si elles bénéficient d’une espérance de vie à la retraite supérieure à celle des hommes, les femmes profitent donc de cet « avantage » avec des revenus, tirés du régime obligatoire et des retraites complémentaires, nettement inférieurs. Des aides existent pour compenser les faibles revenus à la retraite et les femmes en sont les premières bénéficiaires. Mais une solution plus personnelle s’impose aussi : la constitution d’une retraite supplémentaire.
Les questions à vous poser
• Comptez-vous travailler jusqu’à l’âge légal, ou bien cesser votre activité avant ?
• Jusqu’à quel âge devrez-vous travailler pour toucher une retraite pleine ?
• Avez-vous une idée des revenus dont vous allez disposer à la retraite ?
• Pensez-vous pouvoir maintenir votre qualité de vie ?
• Avez-vous déjà bénéficié d’un bilan retraite ?
INTERVIEW
« La meilleure couverture contre le risque de paupérisation à la retraite, c’est le travail ! »
Économiste, ancien recteur, directeur général de la business school ICN à Nancy, Florence Legros est également membre du conseil scientifique du Cercle de l’Épargne. Elle analyse pour AMPHITÉA les inégalités entre les femmes et les hommes en matière de pension, et évoque quelques pistes pour y remédier.
Florence Legros
Comment se mesure l’inégalité Hommes / Femmes en matière de pensions de retraite ?
L’inégalité porte déjà sur la durée de cotisation : 40 à 40,5 ans en moyenne pour les hommes, 38,2 ans pour les femmes, soit grosso modo dix trimestres cotisés en moins.
Elle porte aussi sur le nombre de trimestres validés : les hommes cotisent à peu près tous les trimestres qu’ils ont validés, alors que ce n’est pas le cas des femmes qui valident plus de trimestres non cotisés.
Résultat : toutes générations confondues, les pensions moyennes des femmes sont inférieures de 40 % à celles des hommes.
Quelles sont les causes de cette inégalité ?
Les écarts de salaires constituent une première cause d’inégalité : les hommes perçoivent en moyenne des revenus 25 % plus élevés que les femmes sur l’ensemble de leur carrière, et 9 % à travail égal. Cela a heureusement tendance à changer avec les jeunes générations.
Par ailleurs, l’index de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, ou encore « Index Pénicaud », modifie aussi la donne. En mesurant, depuis 2019, les inégalités salariales au sein des entreprises d’au moins 50 salariés, il oblige les dirigeants qui sont pointés du doigt à réagir dans les trois ans, sous peine d’amende.
Mais l’inégalité Hommes/Femmes en matière de pensions de retraite est surtout due aux carrières incomplètes des femmes. En début de carrière, c’est particulièrement dramatique, mais le phénomène perdure jusqu’à l’âge de 50 ans environ. Les maternités sont évidemment au cœur du problème.
De même aussi que les femmes font généralement des études plus longues, et qu’elles ont donc tendance à commencer leur vie professionnelle plus tardivement. Elles se rattrapent un peu en liquidant leur pension en moyenne plus tard que les hommes. Elles n’ont d’ailleurs pas vraiment le choix. Si elles veulent, comme tout le monde, prendre leur retraite au plus proche du taux plein, elles doivent mécaniquement travailler jusqu’à un âge plus avancé, 65 ou 67 ans.
Les femmes ont-elles conscience de cette situation ?
Je n’en suis pas sûre… En tant que chef d’entreprise, je dois expliquer régulièrement – et longuement ! – à mes collègues que les congés parentaux réduisent le montant des pensions, et qu’il faut en avoir conscience pour les prendre à bon escient.
De plus, un congé parental d’un an, c’est souvent une promotion retardée et cela pèse aussi sur l’évolution d’une carrière… Je vois bien qu’on n’ose pas me traiter de vieille réactionnaire, mais ça ne m’empêche pas de rabâcher que la meilleure couverture contre le risque de paupérisation à la retraite, c’est le travail !
Les pensions de réversion viennent tout de même compenser les inégalités…
Oui, du fait que leur espérance de vie est plus longue que celle des hommes, les femmes sont très majoritairement les bénéficiaires des pensions de réversion. Cela aide à combler l’écart, mais un peu seulement…
Quels conseils donneriez-vous aux femmes ?
Faites attention à vos congés parentaux, entrez le plus tôt possible sur le marché du travail, et n’hésitez pas à racheter les trimestres correspondants à vos années d’étude. Quel que soit l’âge auquel on rachète ces trimestres, compte tenu de l’espérance de vie et donc de la durée de la rente, cela reste une bonne affaire.
Et l’épargne retraite ?
C’est effectivement une bonne solution… si toutefois on a les moyens de la mettre en œuvre. Quand on a du mal à joindre les deux bouts à cause d’un salaire plus bas que celui d’un homme et de revenus insuffisants, et qu’on mène une carrière avec des interruptions, il est plus difficile de se créer un capital…
Ceci dit, le premier capital que l’on peut se constituer, c’est un logement, en achetant sa résidence principale au lieu de la louer tous les mois. Mais je voudrais insister sur la nécessité, pour les femmes, d’acquérir une culture financière. C’est un domaine sur lequel l’ICN, que je dirige, travaille, dans la lignée des objectifs de développement durable que défend l’UNESCO.
Mais il faut également que les femmes gèrent mieux leur prévoyance. Cela commence par le fait d’être déclarée quand on travaille. Le travail masqué et non cotisé, qui touchait surtout autrefois les femmes d’agriculteurs, d’artisans ou de commerçants, a tendance à diminuer et le statut du conjoint collaborateur a été sur ce point une vraie avancée. Mais il y a encore du travail dissimulé et cela explique, en partie, pourquoi ce sont surtout les femmes qui touchent les minimas sociaux.
Dans le couple, c’est apparemment plutôt l’homme qui s’occupe de la gestion du capital. Le manque de culture financière se double donc d’un manque de culture patrimoniale…
Sans doute, mais je veux surtout insister sur un point : sans faire l’apologie du mariage, en matière de transmission du patrimoine et/ou de réversion, en cas de décès ou de séparation, il vaut mieux être marié.
INTERVIEW
« Deux grandes solutions, l’assurance vie et le PER »
Joël Dufresnoy, responsable marketing de l’offre épargne et retraite d’AG2R LA MONDIALE détaille la manière dont le groupe accompagne les femmes vers la retraite. Selon lui, il existe surtout deux manières de lutter contre les fragilités rencontrées par les femmes en matière de retraite : souscrire une assurance vie ou un Plan d’Épargne Retraite.
Joël Dufresnoy
La retraite est un vrai point de fragilité pour les femmes. Comment le Groupe les accompagne-t-elles dans ce domaine ?
Tout d’abord, lorsque nos conseillers rencontrent leurs clients pour faire le point, ils abordent systématiquement la situation sous l’angle du couple et de la ligne de vie. Bien souvent, lorsque l’on se projette sur le niveau de vie à la retraite, les revenus communs constitués pour la retraite des deux conjoints paraissent suffisants.
Malheureusement, la femme a statistiquement plus de risques de voir son mari décéder avant elle et la question de ses revenus peut s’avérer, alors, problématique. Il est donc très important d’anticiper cette situation et de mettre en place des solutions de retraite supplémentaire en identifiant bien ses besoins futurs aux différentes étapes de sa vie à la retraite.
Justement, quelles sont ces solutions qu’AG2R LA MONDIALE peut proposer aux femmes ?
Les deux grandes solutions sont l’assurance vie et le Plan d’Épargne Retraite. Tout le monde connaît bien désormais les avantages de l’assurance vie, notamment sur le plan fiscal et en matière de succession. Ce n’est pas pour rien qu’elle est, et demeure au fil des ans, le placement financier préféré des Français !
Pour aller plus loin nous avons renforcé nos contrats avec des options qui permettent une meilleure protection. C’est notamment le cas de la réversion à 200 % qui permet de doubler le montant versé au conjoint, une offre rare sur le marché et qui mérite d’être signalée.
En, ce qui concerne le PER, plus récent dans le paysage, il faut souligner la grande souplesse qu’il permet dans l’organisation de ses revenus en phase de retraite, avec, d’une part une sortie possible en capital, en rente ou avec un mix des deux, d’autre part, si l’on opte pour le capital, la possibilité de le percevoir de manière fractionnée.
Tout cela permet d’ajuster totalement ses revenus et de se construire une épargne retraite supplémentaire sur mesure.
Tout repose finalement sur un bon diagnostic…
Le diagnostic est en effet primordial. Nous sommes reconnus pour délivrer, à travers notamment notre audit de protection sociale, des conseils de grande qualité. Le magazine Challenges vient d’ailleurs, en 2022, de distinguer AG2R LA MONDIALE par un prix du meilleur conseil épargne.
En résumé, que diriez-vous à une femme qui souhaite bien préparer sa retraite ?
Un, s’y prendre suffisamment tôt dans la vie, afin d’étaler l’effort d’épargne dans le temps. Deux, établir un diagnostic solide. Trois, bien définir son projet de vie pour établir un véritable plan de financement de sa retraite en définissant ses besoins aux différentes phases de celle-ci.
À ce sujet, nous avons reçu un prix de l’innovation des Dossiers de l’Épargne pour notre offre de rente liée aux cycles de vie. Une option que nous avons mise en place pour matérialiser le fait que nos besoins en revenus ne sont pas toujours les mêmes à la retraite.
On distingue globalement trois étapes : lorsqu’on prend sa retraite et que l’on est encore très actif, on a besoin de revenus relativement importants ; vient ensuite une deuxième période, plus calme, où l’on peut même recommencer à épargner.
Enfin, la dernière période de la retraite appelle des revenus plus élevés du fait du vieillissement et éventuellement de la perte d’autonomie.