Les disparités sont criantes dans le domaine de la santé. Inégalités de genre et inégalités sociales, mais aussi habitudes culturelles ou sociologiques se conjuguent pour qu’à contrats d’assurance santé identiques, les femmes aient, au final, une moins bonne santé que les hommes.
Les problématiques de santé spécifiques aux femmes sont, tout d’abord, nombreuses : maladies cardiovasculaires sous-diagnostiquées, endométriose, obésité plus fréquente chez les femmes de moins de 55 ans, mais aussi dépression, anxiété, ou encore tentatives de suicide plus fréquentes également, et en augmentation chez les jeunes femmes…
Ce constat s’explique notamment par le fait que 70 % des femmes occupent des emplois précaires et que les familles monoparentales ont, dans une très grande majorité, une femme à leur tête.
Autre fait marquant, les femmes copient depuis quelques années les comportements à risques des hommes, notamment en matière d’alcool, de tabac, de manque d’activité physique ou d’alimentation insuffisamment équilibrée.
Enfin, les femmes semblent privilégier la médecine curative en consultant une fois qu’elles sont malades et en accordant une place insuffisante à la prévention.
Si l’on ajoute à tout cela une vie hyperactive, au cours de laquelle les femmes doivent jongler entre travail et tâches domestiques au foyer, on comprend pourquoi tous les experts leur recommandent d’apprendre à s’écouter et à penser à elles.
INTERVIEW
“Les accidents cardio-vasculaires, 1ère cause de décès des femmes”
Alexandra Zagorodniouk est médecin directeur du Dispositif Spécifique Régional du Cancer de la Réunion. Pour elle, l’alimentation équilibrée et l’activité physique adaptée sont primordiales pour rester en bonne santé.
Alexandra Zagorodniouk
Comment les femmes appréhendent-elles la santé ?
Pour l’Organisation Mondiale de la Santé, la santé est un état complet de bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité. Pourtant pour la majorité des femmes, la santé, c’est ne pas être malade pour pouvoir s’occuper de ses proches et aller au travail. Tout est dit dans ce fossé entre ce que doit être la santé et la perception très réductrice qu’en ont les femmes !
Alors qu’il faut considérer sa santé dans sa globalité, en incluant dans sa réflexion son mode de vie, son alimentation, son activité physique et l’épanouissement personnel, sans oublier les dépistages gratuits proposés par les autorités de santé.
De trop nombreuses femmes n’ont pas encore intégré le fait que leur santé ne doit pas passer après celle des autres et que, pour être bien avec les autres, il faut d’abord être bien avec soi-même.
Quand on parle santé des femmes, on pense d’abord aux pathologies liées au genre…
Oui, on pense généralement aux cancers du sein ou du col de l’utérus… Mais en France les maladies cardiovasculaires (avec l’infarctus et l’AVC en première ligne) constituent la première cause de mortalité chez les femmes, suivies de très près par les tumeurs (27,2 % des décès contre 24,6 % pour les tumeurs).
Il s’agit d’un vrai défi de santé publique, pourtant, 42 % des femmes ne surveillent pas leur cœur et 80 % ignorent les signes annonciateurs de l’infarctus…
Pourquoi les maladies cardio-vasculaires sont-elles aujourd’hui la première cause de mortalité chez les femmes ?
Les causes sont multiples. L’absence d’activité physique et la surcharge pondérale qui va généralement avec, mais aussi les comportements à risque en matière de tabac et d’alcool qui se rapprochent de ceux des hommes.
Il y a encore dix ans, le cancer du poumon touchait presque exclusivement les hommes, aujourd’hui, il est devenu la deuxième cause de cancer chez les femmes après le cancer du sein : parmi les personnes atteintes d’un cancer du poumon, on est passé de 16 % de femmes en 2000 à 24,3 % en 2010 et 34,6 % en 2020, selon le pneumologue Didier Debieuvre, chef de service, GHRMSA-Mulhouse.
Les disparités sociales constituent-elles une autre dimension de la santé des femmes ?
Oui, on recense chez les femmes 70 % de travailleuses pauvres, contre 30 % chez les hommes, elles occupent 82% des emplois à temps partiel et représentent 85% des familles monoparentales dont une sur trois vit sous le seuil de pauvreté.
L’obésité est également un indicateur discriminant, car elle est plus répandue chez les personnes en situation de précarité. Pour bien manger, il faut une bonne éducation certes, mais il faut aussi un budget.
Les femmes portent-elles une attention suffisante à la prévention ?
Clairement non ! Le programme de dépistage organisé vise à détecter des anomalies, à un stade précoce, avant l’apparition de symptômes du cancer. Il consiste à inviter à une action de dépistage les personnes appartenant à la tranche d’âge dans laquelle la maladie est la plus fréquente.
En France, trois dépistages sont organisés par les pouvoirs publics et ils sont pris en charge à 100 % : le cancer du sein (tous les deux ans à partir de 25 ans et jusqu’à 75 ans), le cancer colorectal (il s’adresse aux femmes et aux hommes, âgés de 50 à 74 ans, qui reçoivent tous les 2 ans une invitation à parler du dépistage du cancer colorectal avec leur médecin) et le cancer du col de l’utérus (tous les trois ans, à partir de 25 ans et jusqu’à 65 ans).
On sait qu’un cancer pris à temps peut être soigné dans 80 % des cas. Pourtant, le taux de dépistage du cancer du sein au niveau national n’est que de 45 %. C’est catastrophique !
Vous évoquiez plus haut une meilleure attention portée à notre mode de vie. Que recommandez-vous dans ce domaine ?
Les cancers d’origine génétique ne représentent que 10 % des cancers, tous les autres sont directement liés à notre comportement ou à notre environnement. La prévention, c’est donc manger plus équilibré et varié, c’est aussi faire au moins 30 minutes par jour d’activité physique dynamique, une marche soutenue par exemple.
C’est encore faire attention à sa peau en se protégeant – et en protégeant ses enfants ! – du soleil. C’est surtout avoir à l’esprit que 38 000 nouveaux cas de cancers pourraient être évités en modifiant nos habitudes alimentaires et en portant plus d’attention à notre poids.
INTERVIEW
“Une sensibilité particulière dans le domaine de la santé”
Pour Christine Vignes, Directrice Recherche et Développement de VIASANTÉ, la mutuelle d’AG2R LA MONDIALE, les femmes sont plus préoccupées que les hommes par la santé et le bien-être.
Christine Vignes
Quels besoins particuliers les femmes ont-elles en matière de santé ?
Elles ont évidemment des besoins liés à leur condition féminine : contraception, grossesse, nutrition, ménopause… Dans ces domaines, elles vont être vigilantes sur les prestations, telles que la prise en charge des dépassements d’honoraires ou d’une chambre individuelle en cas d’hospitalisation ou d’accouchement.
Cela dit, on constate que les femmes sont généralement plus préoccupées que les hommes par la santé et leur bien-être, pour elles-mêmes, leurs enfants et plus globalement pour toute leur famille.
En matière de complémentaire santé, ce sont très souvent à elles que nos commerciaux ont à faire. Elles portent également une attention particulière aux médecines douces qui ne sont pas remboursées par les régimes obligatoires…
Elles ont aussi des besoins spécifiques en matière de prévention, de dépistages…
Oui et VIASANTÉ les accompagne dans ce domaine, notamment à travers notre plateforme interactive prévention & santé « Je vis bien-être.fr » qui met en avant les bienfait de la prévention. Ce site accessible gratuitement propose à tout le monde des informations santé, des parcours de prévention, pour apprendre à mieux se nourrir, à avoir des activités physiques, pour être finalement des acteurs ouverts de notre propre santé.
Vous accordez aussi une place importante à la téléconsultation…
La téléconsultation est en effet devenue d’un usage très fréquent. Quand le médecin traitant est indisponible, quand on est loin de son domicile, elle apporte une grande tranquillité d’esprit.
Les femmes chefs d’entreprise ont-elles des besoins spécifiques ?
Oui, on recense chez les femmes 70 % de travailleuses pauvres, contre 30 % chez les hommes, elles occupent 82% des emplois à temps partiel et représentent 85% des familles monoparentales dont une sur trois vit sous le seuil de pauvreté.
L’obésité est également un indicateur discriminant, car elle est plus répandue chez les personnes en situation de précarité. Pour bien manger, il faut une bonne éducation certes, mais il faut aussi un budget.
Les dirigeantes d’entreprise ont peut-être moins de temps à consacrer à leur protection personnelle ?
Comme tous les chefs d’entreprise elles doivent gérer un emploi du temps très contraignant, mais malgré tout, je pense que les préoccupations maternelles leur donnent une sensibilité particulière dans le domaine de la santé.
Quels conseils donner aux femmes pour leur protection en matière de santé ?
Elles doivent surtout bien exprimer leurs besoins pour définir le bon niveau de leurs prestations. Nos conseillers commerciaux sont là pour les aider, en vis-à-vis bien sûr, mais aussi en ligne ou par téléphone, car, de la même façon que nous avons conçu une gamme large et adaptable, nous tenons compte de l’évolution des modes de vie et de consommation.