Les Français ont trop tendance à laisser leur argent “dormir” à la banque sur des comptes chèques, ou comptes courants, dont l’encours a augmenté très fortement depuis cinq ans pour atteindre 390 milliards d’euros. Deux raisons expliquent cet attentisme. D’une part, les taux bas offerts par une majorité des produits d’épargne, d’autre part, la complexité des démarches à entreprendre pour rechercher des rendements intéressants, mais aussi potentiellement risqués.
Les outils dont disposent l’épargnant et son conseiller sont nombreux. Certains, comme le Livret A, sont simples.
D’autres, comme l’assurance vie, sont tellement attractifs que les Français en ont fait des instruments privilégiés dans leur acte d’épargne.
D’autres encore, comme le PEA Assurance ou les certificats mutualistes, sont beaucoup moins connus, bien qu’ils présentent un grand intérêt, notamment pour diversifier ses supports.
Voici un tour d’horizon des principaux outils de l’épargne.
1 – Les placements sans risque, permettant de conserver des liquidités
LES COMPTES SUR LIVRET
On distingue deux catégories de comptes sur livret, les comptes règlementés et les comptes non réglementés.
Les livrets réglementés
Le Livret A
Son taux de rémunération de 0,75% est fixé par l’État. La liquidité des fonds est totale et les sommes épargnées bénéficient d’une exonération fiscale et d’une exonération des prélèvements sociaux. La contrepartie de ces avantages est le montant plafonné de ce livret à 22 950 euros.
Le Livret de développement durable et solidaire (LDDS)
Comme le Livret A, son taux de rémunération fixé par l’État est de 0,75%. Mêmes avantages fiscaux mais son plafond est de 12 000 euros.
Le Compte épargne logement (CEL)
Ouvert avec un premier versement d’au moins 300 euros, le CEL permet d’obtenir, à l’issue d’une durée déterminée, un prêt immobilier à taux préférentiel.
Son plafond est de 15 300 euros et son taux de rémunération de 0,5 % fixé par l’État.
Les intérêts générés par un CEL sont exonérés d’impôt sur le revenu mais soumis aux prélèvements sociaux.
Le Livret d’épargne populaire
Réservé aux foyers modestes sous condition de ressources, ce livret est assorti d’un plafond variable selon le nombre de parts de quotient familial.
Le Livret jeune
Proposé par les banques aux 12-25 ans, il est plafonné à 1 600 euros (hors intérêts capitalisés) et défiscalisé. Son taux ne doit pas être inférieur à celui du Livret A, soit 0,75%.
Compte tenu de la baisse des rendements des fonds en euro, les livrets réglementés ont connu un regain d’intérêt. Mais l’inflation approchant les 2% par an, leur rendement devient négatif.
Les livrets non réglementés
Ces livrets proposés par les banques offrent des taux différents selon les établissements (0,26 % en moyenne en janvier 2018).
Ils sont déplafonnés, mais les intérêts sont soumis à l’imposition dans la catégorie des revenus mobiliers et sont assujettis aux prélèvements sociaux.
Les Comptes à terme
Ce produit financier permet de placer une somme pour une durée déterminée à l’avance et à un taux d’intérêt fixé à la souscription. L’argent est bloqué pendant la durée du contrat.
Plus cette durée est longue, plus les intérêts sont, en principe, intéressants. Mais, parce qu’ils sont calqués sur ceux des marchés financiers, les taux d’intérêt sont actuellement faibles. Ce type de placement peut toutefois être une solution d’épargne à court terme, pour financer un projet d’investissement.
2 – Des solutions selon la finalité de vos objectifs
On peut distinguer deux grandes catégories de placement : l’épargne de placement et l’épargne retraite.
Épargne de Placement
Plan d’épargne entreprise (PEE)
L’argent déposé est bloqué pour au moins cinq ans. Le salarié augmente ses revenus en se constituant un portefeuille de valeurs mobilières.
Plan d’épargne en action (PEA)
Créé en 1992 pour encourager les épargnants français à investir en bourse, le Plan d’épargne en actions (PEA) est un compte-titres investit en actions directes ou en fonds actions et qui offre une diversification à côté des supports d’épargne sécurisés.
En contrepartie des risques inhérents aux cours boursiers (ce qui implique une vision de placement à long terme), il offre un cadre fiscal favorable : franchise d’impôts pour les plus-values et pour les dividendes à partir de cinq ans de détention (seules sont dues les cotisations sociales, calculées au jour de la réalisation des gains).
Le montant des versements en espèces ne peut pas dépasser 225 000 euros (450 000 euros pour un couple). Mais les dividendes n’entrant pas dans ce plafond, le solde d’un PEA peut donc dépasser 225 000 euros.
Depuis la loi Pacte, il est possible d’ouvrir un PEA jeune (18-25 ans) avec un plafond de 25 000 euros qui se convertira en PEA normal lorsque le titulaire aura 25 ans.
PEA Assurance
Moins connu que le PEA (plan d’épargne en actions) bancaire, le PEA Assurance est toutefois intéressant. Il s’agit d’un contrat de capitalisation (et non d’assurance vie), assorti de l’enveloppe fiscale du PEA.
Tout comme le PEA bancaire, le PEA assurance – ainsi que le PEA PME ETI (destiné à financer les petites et moyennes entreprises et les entreprises de taille intermédiaire) – est un outil permettant de provisionner un capital dont les plus-values seront exonérées au bout de 5 ans. Attention toutefois, le PEA assurance ne pourra pas accueillir de titres vifs mais plutôt des fonds réunissant certains critères.
Transférer son PEA bancaire vers son PEA assurance, tout en conservant l’antériorité fiscale peut-être une excellente solution pour se constituer un revenu complémentaire sous forme de rente viagère totalement défiscalisée, sécurisée et réversible sur son conjoint, à condition que le PEA ait plus de 8 ans, et ce, à tout moment pendant la retraite.
Les produits structurés
Ces produits complexes sont susceptibles d’offrir des rendements élevés, mais sont aussi généralement assortis de conditions liées à la tenue du marché qui les rendent risqués. Il faut donc avoir une solide culture financière et une appétence pour le risque pour s’y intéresser. Certains sont éligibles au PEA. Il est également possible d’en souscrire dans le cadre de certains contrats d’assurance vie. Le recours au conseil est vivement conseillé.
L’assurance vie
L’assurance vie demeure le premier produit d’épargne des ménages français avec un encours au 30 novembre 2018 de 1704 milliards d’euros.
Et c’est bien normal au vu des avantages qu’elle offre aux épargnants : disponibilité de l’épargne constituée, adaptabilité à différents niveaux de performance et de risque à travers des supports d’investissement très variés tout en répondant à des objectifs très différents de protection patrimoniale comme la constitution d’un capital, la préparation de la retraite en permettant de se constituer un revenu régulier ou ponctuel, la protection de ses proches, la transmission de son patrimoine…), dans un cadre fiscal tout à fait attractif.
La clause bénéficiaire, qui en fait toute la spécificité doit être rédigée avec un soin tout particulier et régulièrement auditée pour être éventuellement adaptée.
Un contrat d’assurance vie est aussi un outil de placement financier permettant d’y insérer des supports d’investissement très variés, allant des fonds en euros aux supports en unités de comptes, ces derniers offrant des niveaux de performance et de risque à adapter au profil de l’épargnant.
En outre, certains contrats d’assurance vie peuvent permettre de répondre à différentes sensibilités.
Les produits Investissement socialement responsable (ISR)
Par exemple, les fonds ISR attirent les investisseurs qui veulent donner du sens à leur épargne, particulièrement les jeunes générations.
Basés sur des unités de compte et offrant aujourd’hui des rendements intéressants, ils correspondent à une vraie tendance de fond du marché.
Le contrat de capitalisation
Cousin germain du contrat d’assurance-vie, il en diffère par le fait qu’il ne comporte pas d’assuré, ni de clause bénéficiaire.
En cas de décès, le contrat est transmis aux héritiers ou au légataire du souscripteur, qui peuvent eux-mêmes le conserver ou le racheter.
Il peut être transmis du vivant du souscripteur, par donation avec ou sans réserve d’usufruit, ce qui en fait un excellent outil pour organiser sa transmission, notamment lorsque l’on a déjà utilisé les avantages de l’assurance vie (en particulier au-delà de 70 ans).
En outre, le contrat de capitalisation peut être souscrit par une société patrimoniale.
Qu’il soit ou non sous forme de PEA, c’est un excellent support de placement financier offrant les mêmes caractéristiques que l’assurance vie dans ce domaine.
Les certificats mutualistes
Créés par la loi de modernisation de l’économie de 2014, les certificats mutualistes ont été mis en place par le groupe AG2R LA MONDIALE en janvier 2017. Ils s’apparentent à des comptes titres et offrent une bonne solution de diversification de son épargne.
Réservés aux sociétaires et assurés du groupe, ces produits ont assuré une rémunération de 3 % net, hors fiscalité, en 2017. Les sommes investies sont limitées à 10% du patrimoine financier détenu par le souscripteur avec un plafond de 15 000 euros par foyer fiscal.
L’épargne est moins disponible, dans la mesure où les fonds sont débloqués un an seulement après la demande de rachat. Le dividende annuel versé par l’assureur peut être soit perçu soit réinvesti en nouveaux certificats (dans les limites définies ci-dessus).
Épargne Retraite
Plan d’épargne retraite (PERE)
Autrefois baptisé “article 83”, le PERE est mis en place à l’initiative de l’employeur, ce contrat d’assurance collectif est géré par capitalisation. Il peut concerner tous les salariés d’une entreprise ou seulement certaines catégories.
Lorsqu’il est mis en place par l’employeur, les personnes concernées sont obligées d’adhérer. Les versements sont de trois ordres : les cotisations obligatoires de l’employeur, les cotisations obligatoires du salarié et les cotisations facultatives du salarié. La sortie se fait en rente viagère, sans possibilité de retrait en cours de contrat, sauf cas particuliers (chômage, handicap, invalidité…).
Plan d’épargne retraite collectif (PERCO)
Il diffère du PERE par le fait qu’il concerne automatiquement tout le personnel de l’entreprise et que sa sortie peut se faire soit en rente, soit en capital.
L’argent déposé est bloqué jusqu’au départ en retraite du titulaire du compte. Le salarié épargne pour préparer sa cessation d’activité.
Un PERCO vient compléter un PEE existant.
L’article 83
Mis en place à l’initiative de l’employeur, ce contrat d’assurance collectif est géré par capitalisation. Il peut concerner tous les salariés d’une entreprise ou seulement certaines catégories. Lorsqu’il est mis en place par l’employeur, les personnes concernées sont obligées d’adhérer.
Les versements sont de trois ordres : les cotisations obligatoires de l’employeur, les cotisations obligatoires du salarié et les cotisations facultatives du salarié.
L’article 39
Ce contrat d’assurance sur la vie collectif est dit “à prestations définies” dans la mesure où il prévoit dès le départ le montant de la pension qui sera versée.
Mis en place à l’initiative de l’entreprise, il est souvent réservé aux cadres supérieurs. Seule l’entreprise cotise, mais le salarié ne perçoit une rente que s’il est encore dans l’entreprise au moment de son départ en retraite.
Le Madelin
Mis en place en 1994, ce dispositif réservé aux travailleurs non salariés leur permet de se constituer une retraite supplémentaire et des compléments de garanties de prévoyance personnelle. Volontaires, les cotisations sont déductibles du bénéfice imposable.