
Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’Épargne
Fallait-il demander un nouveau rapport sur les retraites à la Cour des comptes ?
Le Premier ministre, François Bayrou, a décidé, dès son discours de politique générale, de demander à la Cour des comptes d’établir un rapport financier et comptable sur l’état de notre système de retraite.
Le Conseil d’orientation des retraites, le COR, avait rendu son propre rapport six mois auparavant, mais des incertitudes demeuraient sur l’ampleur du déficit et son évolution. Avant d’engager le conclave avec les partenaires sociaux, un état des lieux fiable réalisé par la Cour des Comptes, une institution reconnue de la République n’était pas superflu.
Ce rapport a-t-il débouché sur des surprises ?
Non, le rapport de la Cour des Comptes confirme que notre système de retraite est confronté en raison du vieillissement démographique et du ralentissement de la croissance à de fortes tensions financières. Le déficit actuel est de 6 milliards d’euros et pourrait avoisiner 15 milliards d’euros d’ici à 2030 . Le constat est donc sans surprise !
La démographie est une science de long terme . Le nombre de retraités augmente avec l’arrivée des classes nombreuses du bay-boom. Il y avait 5 millions de retraités, en France, en 1981, 17 millions aujourd’hui et 23 millions d’ici 2070.
Dès la réunion du conclave des partenaires sociaux, Force Ouvrière a claqué la porte. Ça démarre mal, non ?
Au départ, les partenaires sociaux ont été réunis pour modifier, voire même pour abroger, la réforme de 2023 et trouver des compensations financières à hauteur d’une dizaine de milliards d’euros.
Or la veille de la première réunion, François Bayrou leur a aussi demandé de trouver les ressources nécessaires pour parvenir à un équilibre général du système à l’horizon 2030, soit au total donc un défi de plus de 25 milliards d’euros en cas d’abrogation de la réforme de 2023. C’est ce qui a provoqué le départ d’une organisation syndicale de salariés.
Le gap est important : les partenaires sociaux sont désormais face à un Himalaya… Aucune mesure possible, hausse des cotisations, désindexation des pensions, augmentation du volume de travail par l’allongement de la durée hebdomadaire ou la suppression de jours de congés ne fait en l’état consensus. À suivre.