Pour inverser la tendance, de nombreuses initiatives tentent d’inciter les femmes à passer à l’action. Parmi elles, les réseaux ou clubs d’investisseuses, alias les Women Business Angels Club (BAC).
Louise Bousquet, fondatrice de Leia Capital, explique l’origine de son projet par le fait qu’elle se sentait « exclue des discussions sur l’investissement, qui semblaient presque réservées aux hommes »1.
Un sentiment que confirme Morgane Rollando2, trésorière réseau Femmes Business Angels (FBA) et autrice d’un livre de témoignages de femmes investisseuses à paraître : “Beaucoup de femmes souffrent du syndrome de l’imposteur.
C’est dommage, car elles peuvent s’estimer sous-qualifiées et n’osent pas se lancer”.
Les clubs d’investisseuses ont donc pour objectif principal de démocratiser l’investissement et d’y attirer plus de femmes. De créer un endroit convivial et rassurant dans lequel elles oseront déployer toutes leurs ambitions, sans avoir peur de se sentir illégitimes.
La plupart de ces BAC ont un objectif : favoriser l’entreprenariat féminin qui, lui aussi, est à la traîne. Seules 22% des startups créées en 2022 comptaient au moins une femme parmi leurs fondateurs3.
Les startups fondées par des femmes ont, en moyenne, 30% moins de chance que celles fondées par des hommes d’être financées par les principaux fonds de capital-risque.
Et les disparités dans les montants des fonds levés sont colossales : les fondatrices reçoivent 2,5 fois moins de fonds que les fondateurs4. Cet écart s’accentue à chaque tour de financement.
Certains women’s BAC, comme Leia Capital, visent à inverser la tendance en proposant une alternative féminine de financement pour accompagner et propulser l’ambition des entrepreneures.
Mais le rôle du club d’investisseuses va bien au-delà du financement. Il “veille” sur les fondatrices, les accompagne dans tous les aspects du développement de leur startup, les écoute et les rassure. Ces investisseuses répondent également présent lorsqu’il s’agit d’encourager les entrepreneuses dans les moments de doute et participe à insuffler une dynamique pour booster leurs projets.
Si les clubs sont tous 100% féminins, leurs règles varient. Certaines n’investissent que dans des entreprises portées par des femmes. D’autres ont des exigences de parité à l’égard des entreprises qu’elles financent.
D’autres encore sont moins restrictives. C’est le cas de FBA. Depuis son lancement en 2003, ses investisseuses ont investi 15 millions d’euros dans 200 startup.
Rien qu’en 2022, le réseau au niveau national a investi 1,3 million d’euros dans une quinzaine d’entreprises.
Les investisseuses ont également mis en place une formation pour encourager les néophytes à parfaire leur culture financière et proposent un système de marrainage afin de les intégrer au mieux.
La sélection et l’analyse des dossiers sont mutualisées et le club a pour particularité que ses membres prennent une participation personnelle dans les entreprises des porteurs de projet. Chez Leia Capital, en revanche, l’investissement se fait de façon collective.
Cela rassure les investisseuses et permet de lisser les risques, puisqu’elles sont toutes associées d’une holding qui investit et prend des parts dans les startups.
La part des femmes business angels est aujourd’hui en hausse. Une augmentation encourageante, mais l’exemplarité est primordiale pour accélérer la dynamique.
L’investissement des femmes est d’autant plus précieux que, selon FBA, ces dernières auraient tendance à privilégier les investissements dans des entreprises à fort impact sociétal ou environnemental.
Un cercle vertueux, donc, qui aura besoin de sororité et de toutes les volontés ! Car comme le résume la patronne de Leia Capital : « Il faut donner envie à des jeunes femmes de se lancer. Le monde de demain doit être à l’image de la société ».
1. Que Font Les Fonds ? Le portrait de Leia Capital, Maddyness, 28 août 2023
2. Business angels : 10% de femmes seulement… Mesdames, lancez-vous ! – Les Échos Entrepreneurs, 6 mars 2021
3. “Women-led startups losing across the board: from creation to funding, in all key European markets”, 4th SISTA x BCG barometer on gender parity for startup creation & funding, juin 2023
4. ibid
Focus sur… Valérie Gombart
Co-fondatrice et directrice générale de Hi Inov – Dentressangle, société de capital-innovation spécialisée dans les startups B2B, Valérie Gombart est une figure incontournable de l’innovation en France.
À la fois investisseuse et entrepreneure, elle se forme à la finance au sein de l’école Audiencia, à Nantes, après un passage en faculté de droit.
Elle met finalement un premier pied dans le capital investissement en 1997 au sein de C Ventures, en se spécialisant immédiatement dans l’innovation.
Un choix judicieux : quinze ans plus tard, en 2013, elle devient l’une des premières femmes à fonder une société de capital-investissement en lançant Hi Inov.
« Dans le monde du Venture Capital, il fallait apporter autre chose que de l’argent. Nous avons donc décidé de créer un fonds pensé par des entrepreneurs pour des entrepreneurs », expliquait-elle à Maddyness.
À l’automne 2023, la société vient de réaliser un premier closing de 75 millions d’euros, avec un objectif de 150 millions à terme pour ce troisième fonds.
Mesdames, améliorez votre protection sociale et patrimoniale
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