Abonnez-vous à la Lettre d'informations "AMPHITÉA infos"
En France, un quart de la population est à découvert tous les mois. Et la spirale infernale des crédits à la consommation et des dettes peut avoir des conséquences dramatiques sur une vie. Savoir gérer son budget dès le plus jeune âge pourrait bien être l’une des solutions pour éviter de sombrer, et garantir un équilibre financier sur le long terme. Promouvoir l'éducation financière répond donc à un triple enjeu social, économique, mais aussi démocratique.
Or, pour des raisons culturelles et historiques, les Français ont toujours eu un rapport contradictoire à l’argent.
Cette fascination-répulsion se reflète dans les études : 70% des Français n’aiment pas les riches1 mais 80% trouvent aussi que c’est un moteur de l’économie que de vouloir s’enrichir2.
Pourtant, les lignes bougent. Pour une majorité de Français, l’argent n’est plus tabou à titre personnel.
En revanche, il reste un sujet délicat dans la sphère professionnelle puisque 58% de la population estime que l’argent reste un sujet difficile à aborder avec son employeur3.
Ce rapport très français à l’argent a évidemment des répercussions sur la façon dont les foyers gèrent leur budget. D’autant que la culture financière, c’est-à-dire la compréhension par chacun du monde économique et financier dans lequel il vit, est faible.
41% des Françaises et des Français considèrent par exemple qu’ils ne disposent pas de suffisamment d’informations fiables pour une bonne gestion de leur budget4.
Et un Français sur deux suit de manière approximative l’évolution de ses dépenses mensuelles5. Même si, ici aussi, les choses évoluent : alors que les Français étaient 77% à déclarer avoir des connaissances moyennes ou faibles au sujet des questions liées à la finance en 2018, ils n’étaient plus, en 2021, que 69%6.
Parmi les déterminants de cette évolution, on observe que les enfants sont de plus en plus au fait des notions bancaires.
Une acculturation qui concerne également ce fameux tabou de l’argent. Contrairement aux adultes, les enfants évoquent facilement le sujet de l’argent dans leur cercle proche : 93% en parlent avec leurs parents, 78% avec leurs amis, 69% à l’école et 67% avec leurs grands-parents8.
Cela tombe bien, puisque c’est au sein de la famille et entre les générations que tout se joue en termes de transmission.
Cette éducation financière commence en général à la sortie de l’école primaire, vers 10 ou 11 ans9. C’est d’ailleurs en moyenne à cet âge que l’enfant reçoit son premier argent de poche10. Ce versement peut jouer un rôle pédagogique non négligeable et permet de responsabiliser les plus jeunes.
En découvrant le plaisir de s’offrir quelque chose bien sûr, mais aussi ses limites liées à l’argent, dont l’attente et la frustration.
Pour les experts, c’est en accompagnant ce rituel de moments d’échanges que l’on commence à transmettre une éducation financière à sa filiation11.
La génération qui vient aura un avantage non négligeable en matière d’éducation financière : le tournant de la fintech. Contraction de finance et technologie, ce secteur en pleine expansion a fait le constat que plus de la moitié des jeunes de 7 à 14 ans possède son propre smartphone12, qu’ils achètent de plus en plus sur internet13.
Sans compter que leurs parents ont de moins en moins d’espèces13.
PiggyBot, Boursamioche, Kard, Vybe ou encore Pixpay : autant d’applications proposant des services de porte-monnaie virtuel, tirelires numériques ou carte de paiement dédiées aux adolescents.
Pourtant, la bonne vieille tirelire et l’argent liquide restent encore le moyen principal choisi par les parents pour la transmission entre générations15, la pédagogie pour distiller les fondamentaux de l’épargne à leur progéniture, et la solidarité. La “cash éducation” reste encore très majoritaire.
Mais l’éducation financière peut-elle se faire sans les institutions ? Oubliée des modèles d’éducation, elle n’est pas prise en compte de manière globale bien que des efforts soient faits.
Le gouvernement a ainsi lancé en 2016 la Stratégie nationale d’éducation financière dont l’objectif est de renforcer les connaissances économiques, budgétaires et financières des Français. C’est la Banque de France qui est chargée de mettre en place cette stratégie (EDUCFI).
Elle a notamment mis en place le portail national d’éducation économique budgétaire et financière « Mes questions d’argent ».
En novembre 2019, le comité stratégique d’éducation financière (qui rassemble plus d’une vingtaine d’acteurs institutionnels et associatifs) a annoncé la mise en place de nouvelles initiatives afin d’accélérer la dynamique, parmi lesquelles l’expérimentation du passeport Educfi pour les élèves de collège dans certaines académies ou encore la labellisation des actions conduites par des partenaires.
Chaque année, à l’occasion de la semaine de l’éducation financière, de nombreuses activités et ateliers pédagogiques sont organisés sur l’ensemble du territoire, à l’instar de l’opération de la Fédération bancaire française « Un banquier dans ma classe ».
L’Institut pour l’Éducation Financière du Public (IEFP) développe également une pédagogie active sur les finances personnelles et le décryptage de l’économie via le site La finance pour tous.
Si chacun peut agir auprès de ses enfants et petits-enfants afin de leur transmettre, en plus d’un patrimoine, un savoir financier – dont la valeur est trop souvent négligée –, l’éducation financière reste un défi collectif et sociétal.
Sans prise en charge par nos institutions éducatives, les compétences économiques, budgétaires et financières des Français resteront inégalement réparties dans notre société.
Notes
Tribune Éducation financière au travail : les employeurs doivent s’y mettre !
Selon une enquête de PwC16, 57 % des employés citent les finances comme source principale de stress. Et si leur entreprise les aidait à venir à bout de cette angoisse ?
Tout en permettant aux salariés d’être plus sereins et performants au travail, la capacité pour les entreprises à « proposer à ses salariés un accompagnement dans la gestion de leur patrimoine peut s’avérer un atout décisif » explique Christian Hybert, directeur commercial adjoint de l’Union Financière de France (UFF) dans une tribune.
Recommandations relatives à la retraite, conseils en épargne, informations sur les évolutions réglementaires : en fournissant des formations ou tables-rondes ponctuelles, les entreprises se positionnent en véritable partenaire des salariés dans l’évolution de leur épargne. Investir dans l’éducation financière renforce l’engagement des employés en favorisant un espace de travail sain.
Demandez le programme
En février — Tendance #1
Démographie, générations : quels impacts sur les stratégies d’épargne ?
En mars — Tendance #2
Inflation : les nouveaux réflexes des classes moyennes
En avril — Tendance #3
Éducation financière : la fin du tabou de l’argent ?
En mai — Tendance #4
Le long chemin vers la finance verte
En juin — Tendance #5
Clubs d’investisseuses : comment les femmes prennent le pouvoir
En septembre — Tendance #6
Anxiété financière et risques psychosociaux : l’entreprise au défi
En octobre — Tendance #7
Travail et IA : la fin des cols blancs ?
En novembre — Tendance #8
Cyberrisques : la résilience comme meilleure défense ?
Par : AMPHITÉA, AG2R LA MONDIALE Publié le : 2 avril 2024
À voir sur le même sujet